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mafilou Administrateur
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Posté le: Mer 14 Jan 2009 - 20:34 Sujet du message: Paolo Cossi raconte le génocide arménien en bande dessinée |
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Génocide arménien : Paolo Cossi raconte le génocide arménien en bande dessinée Paolo Cossi Ermeni Soykırımını çizgi resimlerle anlatıyor
Source : bodoi.info Magazine, À la une Propos recueillis et traduits par Benjamin Roure le 12 jan 2009
Il a 28 ans et parle avec un enthousiasme tout italien au téléphone. Paolo Cossi, jeune talent transalpin, a déjà publié plusieurs livres dans son pays, mais Medz Yeghern - Le Grand Mal est son premier à passer la frontière. Peut-être parce que c’est celui qui porte le sujet le plus fort et le plus universel : le premier génocide du XXe siècle, celui des Arméniens par l’armée turque en 1915. Un événement historique méconnu en Italie, qui a tellement sidéré Paolo Cossi qu’il a décidé d’en faire une épaisse bande dessinée, à la fois pédagogique et bouleversante.
D’où vient votre intérêt pour le génocide arménien ? Il y a encore deux ans, je ne savais rien de ce génocide. C’est un ami qui travaillait en Turquie qui m’en a parlé pour la première fois : en 1915, environ 1,5 million d’Arméniens ont été déportés et massacrés par l’armée turque. Je lui ai répondu que c’était impossible, car je n’avais vu ça nulle part dans les livres d’histoire ! Et pourtant, c’était vrai. Mon ami m’a montré des films, des documents et j’ai commencé à m’y intéresser.
Et vous avez décidé d’en faire une bande dessinée… Il n’est pas forcément nécessaire d’être proche des gens pour partager leur douleur. Mais de nombreuses personnes autour de moi ont été étonnées que je veuille faire une BD sur le génocide arménien, qui est complètement ignoré en Italie. Pour moi, il était donc très important de raconter cette histoire, car c’est un crime contre l’humanité, un crime qui touche tout le monde.
Comment avez-vous procédé pour vous documenter ? J’ai rencontré Antonia Arslan [écrivaine italienne d'origine arménienne, auteure notamment du roman Le Mas des alouettes et de Il était une fois en Arménie], qui m’a donné de nombreuses informations sur le génocide. Elle m’a également présenté des Arméniens, qui m’ont raconté des histoires et des anecdotes sur des membres de leur famille qui avaient vécu ces événements. Je ne suis jamais allé en Arménie, mais j’aimerais beaucoup.
À quelles difficultés avez-vous été confronté sur ce livre ? Tout d’abord, il fallait que je fasse très attention en écrivant mon scénario, car je mélange la fiction et l’Histoire. Mais je me suis servi de tous les témoignages que j’avais recueillis pour construire mes personnages, donc le travail était plus aisé. La seconde difficulté était le contexte politique, car la Turquie refuse toujours de reconnaître ce génocide, alors qu’elle frappe à la porte de l’Union européenne.
Avez-vous eu des problèmes avec certains Turcs ? Non, pas pour l’instant. Mais mon livre n’est pas à proprement parler politique. Il a un côté presque journalistique, à la manière de Maus d’Art Spiegelman ou Palestine de Joe Sacco. Comme le premier, j’évoque des événements du passé et, comme le second, je parle de choses peu connues. Mais avec cette différence : mon scénario suit une trame fictionnelle.
Graphiquement, vous utilisez tantôt une ligne limpide, tantôt des dessins proches de la caricature. Pourquoi faire intervenir ces différents styles ? Pour Le Grand Mal, j’ai simplifié mon style, afin de mieux servir une histoire déjà très crue et forte. Une ligne plutôt claire, sans couleurs, suffisait. Ensuite, c’est vrai, je caricature certains personnages, les soldats turcs notamment. Car je veux que les lecteurs comprennent bien la méchanceté de certains de ces hommes : il faut donc que je caricature leur âme.
Certains séquences sont très violentes… Je n’ai pas dessiné les séquences violentes gratuitement, mais bien pour choquer les gens. Je souhaite remuer les lecteurs : le génocide arménien, ce n’est pas une fiction, ça s’est réellement passé et c’était horrible! D’autres scènes sont plus drôles, notamment quand vous caricaturez Corto Maltese en vilain contrebandier… C’est une forme d’hommage humoristique à Hugo Pratt, que j’aime beaucoup, et qui a lui-même évoqué le génocide arménien dans La Maison dorée de Samarkand. J’ai transformé Corto Maltese - qui est habituellement un aventurier séduisant - en un petit brigand plutôt moche… Je pense que Pratt aurait bien ri.
À la fin du livre, vous consacrez un chapitre à la commémoration du génocide par les Arméniens. Pourquoi ? Le mémorial du génocide, sur la colline aux hirondelles d’Erevan [capitale de l'Arménie], est aussi le symbole de la naissance de la nation arménienne. Conclure sur un nouveau départ me paraissait important et porteur d’espoir, notamment sur une future réconciliation en Turcs et Arméniens…
Medz Yeghern - Le Grand Mal Par Paolo Cossi. Dargaud, le 16 janvier 2009.
_________________ Emeğe saygılı olun, alıntılarınızda link gösterin ...
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